Les Musardises

Dans la pièce Les Romanesques

En 1894, la pièce « Les Romanesques » est jouée pour la première fois avec le Bargy dans le rôle de Percinet, De Feraudy dans celui de Straforel et Mlle Reichemberg dans celui de Sylvette. Le succès fut très vif.
Edmond Rostand écrivait à propos des « Romanesques » :
« La scène se passe où l’on voudra, pourvu que les costumes soient jolis ».
 
Deux jeunes gens, Sylvette et Percinet, s’aiment. Mais leurs pères feignent une brouille ancestrale pour éprouver leur amour. Un mur sépare les deux familles autour duquel se passent les rencontres.
Un spadassin nommé Straforel est chargé par les pères d’enlever Sylvette et Percinet sauvera sa bien-aimée de cet enlèvement factice. Le mur, symbole de l’amour romanesque, sera détruit.
La révélation de la supercherie trouble l’amour des deux jeunes gens et perturbe l’entente des deux pères. Sylvette refuse de jouer un deuxième enlèvement par Straforel.
Mais la sincérité de leur amour réconcilie les amants. 
Le mariage peut avoir lieu.

LES MUSARDISES

Musardise, Action de celui qui musarde
Musarder, Perdre son temps à des riens.
C'est là ce que tu trouveras dans le dictionnaire, Ami Lecteur. Et là-dessus tu n'auras pas grande estime pour un volume de vers qui s'appelle "les Musardises", c'est-à-dire les bagatelles, les enfantillages, les riens.
Mais pour peu que tu sois un lettré ayant connaissance des mots de la langue et de leur sens exact, ce titre ne sera pas pour te déplaire. Même il t’apparaîtra comme seyant bien à un recueil de poétiques essais.
Tu sauras que « musardise » - musardie comme on disait au vieux temps, - signifie rêvasserie douce, chère flânerie, paresseuse délectation à contempler un objet ou une idée : car l’esprit musarde autant que les yeux, si ce n’est pas plus.
Tu sauras que, suivant certaines éthymologiues, « musarder » veut dire avoir le museau en l’air : ce qui est bien le fait du poète ; lequel, comme on sait, regarde tellement là-haut que souvent il trébuche et se jette dans des trous.
Tu sauras qu’au temps jadis les « musards » étaient de certains bateleurs et jongleurs, provençaux d’origine, qui s’en allaient de par le monde en récitant des vers.
Tu ne pourras être étonné que, sous un titre qui ne semble convenir qu’à de très légères poésies, je me sois permis quelquefois des tristesses et des mélancolies, puisqu’en langue wallonne, « muzer » a pour sens : être triste.
Enfin, tu comprendras tout à fait le choix que j’ai fait de ce mot, te souvenant que le savant Huet, évêque d’Avranches, le faisait venir du latin Musa, - qui comme on le sait, signifie : la Muse.
E. R.